Baal [1919]

Création 2008

D’après Bertolt Brecht

sur la traduction d’Eloi Recoing (2006)

Mise en scène : Mathias Beyler
Assistante à la mise en scène : Cécile Cazalet

Équipe Artistique / 28 Personnages / 10 Comédiens :
Stefan Delon / Vincent Leenhardt / Louis Beyler / Alexandre Charlet / Valérie Gasse / Julie Méjean-Perbost / Maëlle Mietton / Thomas Trigeaud / Anne-Juliette Vassort / Mathieu Zabé

Équipe Technique :
Crédit Photo : Jean-Marc Douillard / Régie Son : Pascal Arnold / Création des éclairages & / Régie générale : Martine André / Création des costumes & Accessoires : Pascaline Duron / Scénographie & Vidéos : Axelle Carruzzo / Chef opératrice & regard extérieur : Laurence Léonard-Sytnik

Composition & mise en musique :
Luc Sabot & Absinthe :Guillaume Allory – batteur, Christophe Devaux – guitariste et  Sylvain Etchegaray – guitariste

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« Pour ceux qui n’ont pas appris la dialectique, Baal pourrait présenter des difficultés. Ils n’y verront rien guère plus que la glorification de l’égoïsme à l’état pur. Et pourtant, un « moi », un individu s’y oppose aux prétentions et aux découragements d’un monde qui ne reconnaît d’intérêt à une activité créatrice que dans la mesure où il est possible non de l’utiliser mais de l’exploiter. On ne saurait dire quelle attitude adopterait Baal si l’on voulait mettre ses talents en valeur : il refuse à les laisser débiter comme des saucisses. L’art de vivre de Baal partage le sort des autres arts en régime capitaliste ; il est combattu. Baal est asocial, mais dans une société asociale. »

Bertolt Brecht / in écrits sur le théâtre p.309-310, l’Arche éditeur

  « Orge me disait » / Baal

Compagnie U-StructureNouvelle

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Le jeune héros Baal, «poète lyrique», n’a rien d’un vertueux, et tout d’un buveur professionnel.

Baal est un jouisseur, Baal rejette toute loi, toute règle, toute morale qui viendrait entraver son errance. Le contentement de ses besoins les plus primitifs est son seul but. Chez ce monstre enfanté par la guerre (1914-18) et l’hypocrisie, l’animalité prime. En une vingtaine de séquences, Baal naît au plaisir, déflore la vie et jouit d’elle sans vergogne. Il ne fait pas de pause dans sa quête sensuelle, bien qu’elle s’accompagne d’une odeur de charogne de plus en plus prégnante. Sans scrupule, il assouvit ses désirs les plus noirs, déchiquetant les chairs, dévorant l’âme de quiconque éveille ses sens.

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28 personnages, 10 comédiens, 4 musiciens, «Baal» est une fresque démesurée au lyrisme romantique sur la souffrance d’être au monde,elle contient déjà tout ce qui fera de Brecht l’un des hommes de théâtre les plus importants du XX° siècle.

L’auteur Brecht apprend à marcher (il se fait alors appeler Bert et n’a que vingt ans) et c’est toute sa fougue anarchiste qu’il nous faut apprivoiser. Approche d’autant plus délicate que Bertold réalise réellement ici une première oeuvre qui tente de tout dire, tout traiter d’un seul bloc, pavé lâché à la face d’un siècle déjà blessé. Son Baal nous provoque et nous nargue, il s’agit de l’amadouer sans le trahir, de lui restituer son pouvoir aujourd’hui.

  « On ne vit qu’une fois, une seule » / Ekhart

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Cette pièce éminemment séduisante, au pouvoir d’attraction irrésistible, apparaît comme le chant des Sirènes d’Ulysse : beau, fort, troublant mais cachant sa source monstrueuse et délusoire. Sa puissance d’évocation classe celle-ci de prime abord dans la lignée des grands poèmes épiques : fresque démesurée au lyrisme romantique sur la souffrance d’être au monde, où l’on imaginerait Rimbaud en compagnie d’Oscar Wilde chevauchant les chevaux-vapeur d’un Maïakovski éructant à la face d’un monde apeuré la beauté d’un ciel de mai…

Oui mais voilà :

Ecouter les Sirènes signifierait la mort, l’arrêt brutal de la force même de ce poème épique ; cela signifierait faire l’impasse justement sur ses échos, ses rumeurs sourdes d’épopées dignes d’Homère ou d’Eschyle, résonnant en chacun comme autant d’images et de métaphores qui font de Baal une pièce sans doute poétique – certes – mais aussi populaire. En cela Brecht rejoint Shakespeare : il parle à tous avec clarté et évidence. Chaque situation, chaque image mise au monde par Brecht frotte-écorche notre inconscient collectif pour révéler son Baal.
Reste que cette pièce, en plus d’être poétique et populaire, est telle que Brecht l’a voulue – à savoir : une pièce politique. Elle interroge le sort réservé à l’autre dans une société individualiste et capitaliste. En prenant le poète et plus précisément ce poète comme personnage premier, il souligne la vanité, la violence et l’immoralité – puisqu’elle se veut morale – de cette société. Dans la descente aux enfers d’un Baal / Circé c’est la responsabilité et la culpabilité de l’homme social qui sont prises à part et mises à la question.

                                                                                                                   MATHIAS BEYLER

  « Les hanches pleines » / Baal

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Que la raison en soit ou non politique, ce n’est que collectivement, en groupe, en meute que nous pourrons aborder la matière Baal. Il nous faudra être nombreux.

C’est un Baal intuitif plus qu’instinctif, animal presque sensible, mais aussi bête traquée, aux abois, que nous amènerons(traînerons ?) sur la scène. Il devra déambuler dans un univers dangereux, inquiétant, sourd, où Ekart, à la fois maître et disciple, devra d’abord séduire puis, lui aussi, renier cette masse totale qui invective et bouleverse ses contemporains.

Nous évoluerons dans un espace toujours mouvant, mouvement renforcé par une omniprésence musicale qui ira en se resserrant comme un étau, comme la nuit tombe, comme ça, d’un coup, un couperet, un guet-apens, dans lequel Baal devra disparaître, ayant perdu sa place dans un absurde jeu de chaises musicales sociable plus que social où il n’était de toute façon pas invité. Notre nombre aidera.

Dès le début Baal est condamné, condamné à être, à jouer son personnage, l’artiste, l’autre, jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Où il est question de libre arbitre. Baal n’a de choix que dans sa mort. Il sacrifiera sa vie à son âme, son âme à son coeur, son coeur à son émerveillement :

 » j’écoute encore la pluie » dira-t-il avant de mourir. »

C’est cette volonté constante d’émerveillement, même au coeur de la fange, et cette énergie vitale qui nous donne aujourd’hui le courage d’affronter son mythe.

Et lorsque Baal s’est retourné le monde s’est figé !

U.

  « Mon Coeur est sombre » / Baal

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• Coproduit par : Le Théâtre Jean Vilar – Ville de Montpellier / Le Cratère – Scène nationale d’Alès / Le Printemps des Comédiens

• Avec le soutien de : La Préfecture de Région Languedoc-Roussillon – Direction Régionale des Affaires Culturelles, Le Conseil Régional Languedoc-Roussillon, la Ville de Montpellier, Réseau en Scène Languedoc-Roussillon et avec le partenariat de L’Ecole Supérieure d’Art Dramatique Montpellier-Agglomération.

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